40 Ă 80% des achats que nous effectuons sont impulsifs ! C’est le rĂ©sultat dâune Ă©tude 1 faite sur les achats impulsifs des consommateurs. Nous sommes tous influencĂ©s. Les marketeurs y sont un peu pour quelque chose, mais il sâagit surtout de processus psychologiques involontaires.
Le scĂ©nario se dĂ©roule presque toujours de la mĂȘme maniĂšre. Petit tour dans un magasin pour acheter un simple article, disons un carton de lait pour lâexemple. Rapidement, vous remarquez une nouveautĂ© dans le rayon dâĂ cĂŽtĂ©. Tant quâon y est, pourquoi ne pas ajouter quelques provisions, vous ĂȘtes lĂ pour ça aprĂšs tout. Enfin Ă la caisse, vous achetez un petit chocolat et vous revenez avec deux sacs bien chargĂ©s. Total de votre « petit tour au magasin » : 85 âŹ.
Personne nâest complĂštement rationnel lorsquâil sâagit dâargent. Les questions liĂ©es Ă nos deniers affectent nos Ă©motions, notre subconscient et notre psychologie qui peuvent eux-mĂȘmes influencer nos choix vis-Ă -vis des questions dâargent.
Peu importe la frĂ©nĂ©sie avec laquelle vous dĂ©pensez, nous allons dans cet article vous aider Ă comprendre les raisons et processus qui influencent nos dĂ©cisions d’achat et surtout vous dĂ©livrer quelques astuces pour ne plus succomber Ă la tentation.
La raison numéro 1 : le manque de planification
Selon des Ă©tudes 2 menĂ©es par le groupe POPAI spĂ©cialisĂ© dans le marketing au dĂ©tail, 76% des dĂ©cisions dâachats sont prises dans les allĂ©es des Ă©piceries, contre 82% dans les grandes distributions. Ces Ă©tudes considĂšrent tout achat qui nâa pas Ă©tĂ© spĂ©cifiquement planifiĂ© comme impulsif. Il en ressort donc que la majoritĂ© de nos dĂ©cisions dâachats ne sont pas prĂ©vues Ă lâavance.
Or, de telles décisions sont trÚs discutables et particuliÚrement sensibles aux variables du moment.
- Lâeffet « waouh » des produits. « Ce produit semble teeeeeellement gĂ©nial, donc je me lâoffre ».
- « Jâai faim. Ah, voici un paquet de gĂąteaux au chocolat juste Ă cĂŽtĂ©. Je grignoterai ça dans la voiture en revenant ».
- Les occasions spĂ©ciales : « Je viens de boucler un gros dossier, ça se fĂȘte, il me faut une bouteille de vin. » – « Câest lâanniversaire (ou le mariage) dâIsabelle ce weekend, je devrais lui offrir un cadeau. »
- etc.
VoilĂ oĂč mĂšne le manque de planification. De nombreux outils pour vous aider Ă tout planifier existent. Et pour tous vos achats, la solution est vraiment simple : dĂ©finissez un budget, faites une liste de courses et respectez-la.
La pression sociale pousse aux achats impulsifs
Imaginons un instant que vous vous prĂ©pariez Ă courir un sprint. Pour courir plus vite, il vaut mieux ĂȘtre entourĂ© dâautres coureurs avec le mĂȘme objectif. Câest ce quâon appelle la « facilitation sociale ». Que vous lâacceptiez ou non, votre entourage vous influence inĂ©vitablement.
Si câest positif on parlera de « facilitation sociale » et si câest nĂ©gatif, il sâagira plus de « pression sociale ».
Supposez que vos collĂšgues dĂ©cident dâaller prendre un verre ou de sâoffrir une pizza juste aprĂšs le travail. « Ăa peut ĂȘtre sympa. Pourquoi pas ? ». Une fois sur place, tout le monde choisit avec entrain de sâoffrir une coupe de champagne hors de prix. Quel serait votre choix Ă vous ? La rĂ©ponse est plutĂŽt Ă©vidente. La pression sociale se chargera de faire ce choix pour vous.
Câest Ă©galement cette pression sociale qui vous pousse Ă vous endetter pour pouvoir exhiber une voiture correspondant au standard de votre cercle dâamis.
DâaprĂšs une analyse dâACA (Automobile Club Association), les Français dĂ©pensent 6.063 ⏠par an pour leurs voitures (essence, assurance, pĂ©age…).
Cela implique quâun Français travaille entre 2 Ă 4 mois pour se soumettre Ă la pression sociale. Janvier, FĂ©vrier, Mars, Avril, enfin vous pouvez commencer Ă payer votre loyer. 4 mois de dur labeur pour arborer votre statut social.
Pendant ce temps, votre voisin hollandais utilise son vĂ©lo et les transports en commun, ce qui favorise un mode de vie oĂč il ne travaille que 29 heures par semaine en moyenne et gĂ©nĂ©ralement en tĂ©lĂ©travail.
Le FOMO spending, dĂ©clencheur d’achat
Ă la pression sociale sâajoute le fameux effet FOMO (Fear Of Missing Out, ou la peur de manquer quelque chose). Cette Ă©motion Ă laquelle succombent les meilleurs obscurcit tout raisonnement logique et pousse quiconque en est victime Ă dĂ©penser de façon dĂ©raisonnĂ©e.
Une Ă©tude 3 du CrĂ©dit Karma menĂ©e sur des consommateurs amĂ©ricains de la gĂ©nĂ©ration Y (personnes nĂ©es entre 1984 et 1996) a rĂ©vĂ©lĂ© quâenviron 40% des participants tendent Ă dĂ©penser plus dâargent quâils en ont. Cette Ă©tude met notamment en lumiĂšre le « FOMO spending » qui, une fois cumulĂ© Ă la pression sociale, devient un redoutable dĂ©clencheur dâachat.
Alors, quand une marque fait une offre flash limitée aux 12 prochaines heures, sur une montre qui détermine votre appartenance à un cercle social, vous ne pouvez que céder.
Si vous ne pourrez jamais chasser complĂštement l’effet FOMO de votre vie, vous pouvez fuir la pression sociale. Apprenez Ă rester disciplinĂ© envers vous-mĂȘme. Apprenez aussi Ă dĂ©finir votre cercle dâamis en fonction des valeurs autres que les possessions. DĂ©finissez votre cercle social sur des valeurs communes comme la famille, une passion, des aspirations, des rĂȘves similairesâŠ
Les stratégies marketing qui font dépenser plus
Les marketeurs avec leurs stratĂ©gies commerciales trompeuses et manipulatrices ne manquent pas d’astuces pour dĂ©multiplier les ventes et faire de gros chiffres dâaffaires. Deux des principes bien connus en marketing sont la raretĂ© et lâancrage.
Le principe de la rareté
Le principe de la raretĂ© se base sur notre dĂ©sir pour les biens les moins disponibles. Pour exploiter cette faille de lâesprit humain, il est donc courant de remarquer des messages habilement Ă©laborĂ©s pour donner une impression de raretĂ© aux produits :
- Ădition exclusive
- Stock limité
- Offre à durée limitée
- La promo spĂ©ciale prend fin aujourdâhui
- Soldes
Peu importe la vĂ©racitĂ© de ces affirmations, notre subconscient y perçoit de la raretĂ© (« il ne sera peut-ĂȘtre plus lĂ demain »).
La technique de l’ancrage
Et en ce qui concerne lâancrage, il sâagit dâun principe marketing encore plus astucieux. Imaginez que vous entrez dans le somptueux resto qui vient juste d’ouvrir dans votre quartier. La serveuse vous accueille le plus chaleureusement possible et vous tend fiĂšrement le menu. Lâair de rien, vous lisez, et soudain, que voyez-vous Ă la premiĂšre ligne ?! Un hamburger Ă 150 ⏠! « Quoi ? Quelle aberration ! Jamais je n’achĂšterai un hamburger Ă ce prix ». Plus bas dans le mĂȘme menu, le plat de steak est disponible pour seulement 50 âŹ. Bonne affaire, non ? Bien mieux que le hamburger tout de mĂȘme.
Alors que nâimporte qui penserait quâil est en train de faire une bonne affaire, il est en fait victime de l’ancrage. C’est Ă dire que lâesprit de lâacheteur est dâabord conditionnĂ© avec une « rĂ©fĂ©rence » qui fait alors apparaĂźtre une certaine opportunitĂ© comme « juteuse et plus logique ».
Veillez Ă rester objectif en toutes circonstances. Les deux conseils prĂ©cĂ©dents pour rester raisonnablement dĂ©pensier sont Ă nouveau dâactualitĂ©. PrĂ©voyez un budget. Faites une liste. Et sans vous soucier du regard des autres, dĂ©clinez toute offre qui vous met en mauvaise posture vis-Ă -vis de votre liste et de vos objectifs d’achat.
Payer par carte, ça fait moins mal
Quand nous passons Ă la caisse pour finaliser un achat, « la douleur de payer » est clairement plus forte lorsque nous payons en espĂšces et que « nous nous sĂ©parons » de notre si prĂ©cieux argent. Ă lâinverse, payer par carte de crĂ©dit attĂ©nue cette douleur rendant la gestion du budget beaucoup plus difficile.
Câest le bilan dâune cĂ©lĂšbre Ă©tude 4 dans laquelle des participants, choisis au hasard, se sont vus octroyer le privilĂšge d’acheter des billets Ă guichets fermĂ©s, pour un match de basket-ball pro extrĂȘmement convoitĂ©. La moitiĂ© des participants ont Ă©tĂ© informĂ©s quâils devraient payer les billets en espĂšces tandis que lâautre moitiĂ© par carte de crĂ©dit. Les participants de la seconde moitiĂ© Ă©taient prĂȘts Ă payer en moyenne deux fois plus cher que les participants du premier groupe pour le mĂȘme ticket. La diffĂ©rence ? La carte de crĂ©dit.
LâĂ©tude intitulĂ©e « Always Leave Home Without ItâŠÂ » donne dĂ©jĂ la solution idĂ©ale face Ă ce problĂšme : sortez toujours sans votre carte de crĂ©dit. De cette maniĂšre, lâobjet convoitĂ© est plus difficile Ă atteindre. Utiliser des espĂšces vous exposera plus Ă la douleur de payer et vous incitera par consĂ©quent Ă dĂ©penser moins.
La fatigue décisionnelle
Saviez-vous quâĂ©tant au rĂ©gime, vous pourriez dĂ©penser plus impulsivement que dâhabitude ? Respecter un rĂ©gime demande de la dĂ©termination. La dĂ©termination sâapparente assez souvent Ă un muscle. Plus vous vous en servez, plus il se fatigue. TrĂšs vite, de la force dĂ©cisionnelle qui vous animait, il nâen rĂ©sulte que de la « fatigue dĂ©cisionnelle » qui vous rend plus vulnĂ©rable face aux dĂ©penses.
Un rĂ©gime alimentaire nâest pas la seule source de fatigue dĂ©cisionnelle qui existe. Au fur et Ă mesure que vous prenez des dĂ©cisions, vous puisez dans vos rĂ©serves « dâĂ©nergie dĂ©cisionnelle ».
Pour y faire face, en plus de pouvoir mettre en Ćuvre des astuces clĂ© de motivation pour retrouver toute votre clartĂ© dĂ©cisionnelle, attendez trois jours avant de passer Ă lâaction. Avant un tour en magasin, faites une liste prĂ©alable deux Ă trois jours plus tĂŽt. Ensuite, vĂ©rifiez Ă nouveau cette liste le jour J. Les articles inutiles que vous envisagiez dâacheter ne vous paraĂźtront plus aussi importants quâils en avaient lâair et vous Ă©viterez, de ce fait, des dĂ©penses exagĂ©rĂ©es.
Vous connaissez Ă prĂ©sent les principales raisons psychologiques qui entraĂźnent Ă la frĂ©nĂ©sie dĂ©pensiĂšre. Il convient Ă prĂ©sent dâexploiter ces astuces simples jusquâĂ en faire des habitudes ancrĂ©es au plus profond de vous. DĂ©penser constamment de façon impulsive est une barriĂšre importante pour vous diriger vers une vie minimaliste. Organisez-vous et gĂ©rez vos dĂ©penses. Osez ĂȘtre un rebelle qui nâest plus dupe des stratĂ©gies marketing. Osez vous diriger vers vos rĂȘves.
Cet article a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© par lâĂ©quipe dâOlivier Roland.
Sources
- 1 : A meta-analysis of consumer impulse buying. Auteurs : Amos, Clinton & Holmes, Gary R. & Keneson, William C.
- 2 : POPAI 2014 MASS MERCHANT SHOPPER ENGAGEMENT STUDY
- 3 : Nearly 40% of millennials overspend to keep up with friends, Credit Karma
- 4 : Always Leave Home Without It: A Further Investigation of the Credit-Card Effect on Willingness to Pay, Drazen Prelec & Duncan Simester
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